Ferry tale

5 août 2023

Réveil très matinal pour une belle et grosse journée ! Nous voilà partis avec les bagages sous le bras, dans l'humidité du petit matin, sur les pentes de l'Aurlandfjord, pour remplir la voiture en contrebas de notre logement des alpages et partis pour une belle traversée. Nous allons prendre le ferry au tout petit village de Gudvangen, au fond de son fjord, pour une matinée entière de navigation en direction de Kaupanger. Le navire s'ébroue, puis démarre, et nous voilà sur le pont supérieur à contempler le spectacle qui se déroule devant nous : falaises vertigineuses d'un vert sombre qui rend l'eau mystérieuse, cascades qui dévalent les pentes ou tombent directement des hauteurs de la montagne, et rapidement de petits villages sétalant le long du rivage, des hameaux, ou des fermes isolées posés miraculeusement sur un écrin de verdure dans les lieux les plus improbables, glaciers accrochés au plus haut des cimes. Nous sommes figés d'admiration, et le ferry avance, découvrant de nouveaux caps, de nouvelles anses, de nouvelles montagnes. Nous recherchons une cascade prise en photo par Léna il y a trois ans, et nous la trouvons, Magaly mange un gâteau qu'une mouette lui arrache de la main, en plein vol, alors qu'elle allait le mettre à la bouche, nous nous engageons dans un nouveau bras de fjord et allons jusqu'à notre port de destination, sous un grand soleil, au bout de plusieurs heures de traversée. Là, nous visitons une jolie église en bois debout, située dans un endroit magnifique avec le fjord en arrière-plan. Un enterrement s'y prépare, et cela n'empêche pas d'accueillir les visiteurs. Mais il est l'heure de manger et nous nous installons au bord du rivage pour un pique-nique magique les pieds dans l'eau, littéralement. Nous repartons ensuite pour reprendre un ferry, rapide celui-ci, en direction d'une des plus belles églises en bois du pays, celle de Borgund. Le site est plus touristique que pour les autres églises, mais il faut avouer qu'elle est superbe, sombre, presque noire de goudron, avec des détails que nous n'avons encore jamais vus : douze têtes étranges sculptées un peu partout dans l'église, un campanile, en bois lui-aussi, à quelques mètres du vénérable bâtiment, des runes ludiques sculptées dans un panneau à l'entrée de l'édifice... Nous sommes impressionnés par tant de détails intéressants. La visite du petit centre d'interprétation est sympathique, nous y prenons un café ou un chocolat, et nous repartons. Au retour vers le ferry, nous choisissons une petite route plus intéressante, qui passe par de petites gorges, des coins cachés... et nous nous arrêtons à un endroit où Saint Olaf (si ! si ! il existe) a pétrifié deux trolls qui se moquaient de lui, mais il n'en reste qu'un au-dessus d'une cascade... Le ferry, puis de longs tunnels (nous en empruntons sans arrêt, ils sont parfois interminables, cinq, six, voire dix ou onze kilomètres) dans lesquels Magaly fait de micro-siestes, nous conduisent à Sogndal où nous devons passer la nuit. La ville est assez importante, elle s'étale au bord de l'eau, le long de quartiers à l'architecture moderne-cosy qui commencent à en faire une petite Bergen, une petite Oslo, mais vraiment "petite". Un repas dans une pizzeria du centre, une petite balade digestive, le long du très joli bord de fjord (et aussi d'une usine de conditionnement de viande, dont l'odeur est... surprenante), où nous apprenons l'existence d'une sorte de Robin des Bois du coin, du début du dix-neuvième siècle, écrivain à ses heures, visiblement taquin envers les autorités, et où Laurelyne prend visiblement beaucoup de plaisir à faire n'importe quoi sur l'eau, et nous voilà dans nos chambres, l'heure du coucher est arrivée.