Rond d'eau veneziano...
Un beau début de matinée pour notre second jour à Venise. Le train nous emmène une nouvelle fois à travers la lagune vers les clochers de la Sérénissime, cette fois-ci dans une belle clarté solaire. A l'arrivée, nous décidons de traverser les quartiers tranquilles vers le sud, et les Zattere. Entre palais, canaux et jolies ponts, nous voici aux Frari, vagabondant du tombeau de Canova aux merveilles du Titien, d'une madonne de Bellini au tombeau de Monteverdi. Nous avançons ensuite dans des quartiers assez isolés, sans le monde des grandes artères. De jolis campi, un Banksy à moitié immergé, des clochers penchés... nous nous arrêtons dans un bar de quartier, surtout fréquenté par des habitués que les patrons asiatiques semblent bien connaître. En sortant, nous nous apercevons que nous étions au rez-de chaussée d'une maison occupée par Modigliani pendant son séjour vénitien de 1903 à 1906. En arrivant sur les Zattere, il fait froid, un vent glacial souffle et la mer déborde largement sur le quai, nous obligeant à d'acrobatiques exercices. Nous nous arrêtons devant l'atelier de gondoles de San Trovaso, où les artisans et les guides touristiques s'affairent, puis, en suivant le "rio" du même nom, nous remontons vers l'Académie au son des cloches du quartier pour rejoindre la place Saint Marc. En chemin, nous nous arrêtons dans une église mi-salle de concert, mi-musée d'instruments à cordes ; puis nous faisons un détour par l'escalier du Bovolo. Mais la place Saint Marc est à moitié inondée, les passerelles pour l'"acqua alta" sont installées, et ce sont d'incessants ballets d'équilibristes qui animent ces lieux si touristiques. Nous faisons une longue queue pour entrer dans la basilique, mais le jeu en vaut la chandelle : malgré l'obscurité due au mauvais temps, les mosaïques d'or resplendissent partout, les pavements de pierres exotiques attirent l'oeil tout comme les colonnes, sculptures, et ornements divers, dont le plus bel exemple est la Pala d'Oro, que nous allons aussi voir, avec ses ses émaux, ses pierres précieuses ou semi-précieuses, et l'or qui couvre l'énorme panneau... Ouf ! C'est riche ! Après cette visite, nous allons nous restaurer avant de repartir pour Burano, en passant par Santa Maria Formosa, puis par San Giovanni et Paolo, dont la masse de briques rouges contraste joliment, au soleil revenu, avec la façade blanche de l'hôpital adjacent et la sombre statue du Colleone. Mais il nous faut vite rejoindre les Fondamente Nove pour embarquer. Nous voici sur le bateau pour Burano, avec en arrière-plan les ombres chinoises de la cité maritime, que nous masque bientôt la masse arborée du cimetière San Michele. Puis c'est Murano et son curieux phare faisant penser à ceux du littoral français de l'Atlantique et Mazzorbo avec ses maisons déjà colorées, ou bien en ruine. Enfin apparaît Burano. La lumière baisse alors nous ne traînons pas pour profiter des couleurs éclatantes de l'île. Nous faisons des tours et détours entre les petites maisons de pêcheurs et dentelières aux teintes les plus délirantes : verts stridents cotoyant des rouges profonds, jaunes éclatants se disputant la rue avec des bleus électriques. C'est un feu d'artifice, mais le soir tombe, et il nous faut regagner la gare de Santa Lucia, non sans un minuscule détour par le Ghetto, celui qui a donné son nom à tous les autres, aux maisons hautes et divisées en davantage d'étages qu'ailleurs dans Venise. Une synagogue ici, un restaurant casher là, et nous voilà à la gare pour retrouver Padoue, l'appartement et nos affaires à ranger car demain, nous rentrons en France !