À qui se "Fira"-t-on ?
Nous commençons à maîtriser parfaitement tous les fonctionnements de l'île (transports, horaires, souplesse nécessaire en tout...), nous voilà donc partis, après un lever en douceur, comme d'habitude, pour la gare routière. Un petit trajet en car local, qui nous permet de revoir ces champs de vignes à ras du sol, rares épargnées par le phylloxéra mais sûrement bien difficiles à vendanger, nous mène à la station balnéaire de Kamari où nous faisons un petit tour en attendant la navette pour les ruines de l'Ancienne Fira. Nous ne nous habituons décidément pas au spectacle qu'offre cette île, vaste Nabilaland où le sport local semble être de montrer le plus de seins et de fesses possibles, de se promener en maillot toute la journée, avec au choix une énorme bouée rose en forme de cygne autour du bras, un cabas Chanel à la main ou une combinaison de plongée retroussée jusqu'à la taille, ce qui permet d'exhiber les susdits seins... Mais nous quittons ce drôle d'univers pour prendre la navette ("-10 euros par personne aller-retour ! -Mais c'est cher ! -Ben, vous êtes à Santorin..." conversation exacte, qui a le mérite de mettre les choses au clair), navette pour le site de l'Ancienne Fira, donc. Nous grimpons une minuscule route toute en lacets, jusqu'à une sorte de petit col d'où l'on voit les deux côtés de la pointe sud de l'île, deux côtés occupés par des stations balnéaires jumelles... mais la vue est belle sur la mer d'où émergent de la brume de chaleur divers îles et îlots, les sirènes y résident-elles, ou bien sont-elles 200 mètres plus bas en train d'attendre leurs proies sur les plages de Perissa ?... Quoi qu'il en soit nous voilà au pied du site, à proximité de l'éternelle cahute vendant fruits, cafés, boissons fraîches et souvenirs dans le bourdonnement d'un groupe électrogène. Il nous reste encore un bon bout de chemin à parcourir sur du calcaire glissant car c'est peut-être le seul lieu à avoir été épargné par l'accumulation de roches volcaniques après l'éruption, et le site s'offre à nous. C'est un fort intéressant bric à brac archéologique. Nous passons d'une église byzantine aux fondations paléochrétiennes, à des maisons hellénistiques dont le plan semble limpide, à une "agora" romaine (donc un forum...) à basilique et temples en exèdre, des bâtiments d'une garnison installée ici par les Ptolémées d'Egypte à des sculptures gravées dans la roche par un certain Artémidore. C'est un peu compliqué à "lire", mais le site, sur ce promontoire très élevé dominant toute la mer Egée, des Cyclades à la Crète, est assez extraordinaire... et dire qu'il y des millénaires, des jeunes gens nus auraient chanté et dansé tout au bout du cap ! Surréaliste. La descente nous ramène à Pouffewforld... Euh ! sur les plages de Kamari où nous pique-niquons entre une caravane déglinguée en retrait et des naïades se douchant avant de regagner leur "resort". Une fois rentrés au camping, c'est à notre tour d'arborer nos maillots pour finir l'après-midi au bord de la piscine... Et oui ! Ensuite, nous décidons de passer la soirée dans le centre de Fira, direction un resto... après une petite recherche, nous voilà juchés sur une terrasse fort sympathique, sur le toit d'un petit hôtel, dominant la mer côté est, et où nous nous régalons de "fava" (purée de pois cassés, avec câpres et oignons), purée d'aubergine, salade grecque, souvlaki de poulet, avec un petit dessert et un petit verre de "Vinsanto" (vin cuit de l'île) offerts fort gentiment, très agréable tout ceci ! Une balade nocturne entre magasins de souvenirs, rues raisonnablement peuplées, et superbes vues sur la caldeira de nuit, avec paquebots illuminés et ville scintillante... Plein les yeux, encore, pour aller se coucher !